eleonore senlis
haut-delà
encres sur papier
Vernissage jeudi 13 décembre 2018
de 18h30 à 21h
Exposition du 14 au 20 décembre 2018
de 13h à 19h
samedi 15 de 14h à 21h /dimanche 16 de 14h à 18h
Galerie Bansard 26 avenue de la Bourdonnais Paris 7 Tel 0145561211
Métro Ecole Militaire, Alma Marceau RER C Champ de Mars- Tour Eiffel
Bus 42,69,87,92 Parkings Quai Branly, Champ de Mars, Ecole Militaire
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"Vous y croyez-vous à la vie éternelle ? » me demande sans réserve une vieille dame immobilisée sur son lit attendant sa fin de vie annoncée. Tant de malades que j’accompagne depuis 10 ans dans une maison de soins palliatifs s’interrogent au soir de leur vie sur cet au-delà. S’ils savaient que l’interrogation qui est la leur, rejoint celle qui m’habite depuis le commencement de la mienne. Tes « parents sont au ciel » m’a-t-on si souvent répété, pour rendre plus douce une réalité pas si douce. Alors petite fille, j’ai scruté ce ciel obstinément, je lui ai parlé, je l’ai prié, je l’ai dessiné, colorié. Des années après, poursuivant la quête de mon « haut-delà », mes dessins d’enfant se sont transformés en paysages célestes à l’encre de chine..
Eléonore Senlis est d'abord une amie. Et comme tous les amis, Eléonore a ses jardins secrets. Aussi, ai-je découvert récemment ses lavis d'encre, objets de cette première exposition. Les artistes parlent du monde avec leur langage, mais ils le font toujours à partir de leur expérience. Comment ne pas rattacher ces dessins ultrasensibles à ce qu'est Eléonore, à son vécu, à sa vie ? Les ombres, les camaïeux de gris et de noirs qui voilent une partie des œuvres, parlent de cela, sans doute, mais évoquent aussi le Vendredi Saint où "l'obscurité se fit sur toute la terre". Les dessins sont souvent séparés en deux, par une ligne plus ou moins visible, plus ou moins nette, verticale ou horizontale. Le monde d'Eléonore est en effet partagé : il parle bien de nos vies humaines, mais il ne cesse de regarder vers le ciel ; il est ancré dans le quotidien et la rencontre, mais un manque empêche de proclamer des certitudes ; il nous montre des choses que l'on croit reconnaître, mais rien n'est moins sûr... D'un côté de cette ligne, il y a l'expérience de la vie ; de l'autre, des questions en jachère. Cela pourrait être aussi une ligne rempart pour dissimuler nos fragilités, ou celles des autres. Mais quand on regarde de plus près ces lavis, il n'y a pas d'évidence. Ces lignes ne séparent pas. Elles font se rejoindre ombres et lumière, couleurs et noirceur, fond et forme, force et fragilité, brouillard et clarté, masse et détails. Le visible et l'invisible, le certain et l'incertain, l'endroit et l'envers sont au cœur des dessins. Eléonore peint, laisse l'encre et l'eau agir, est en quête, toujours, mais elle aurait pu tout autant écrire. Ces œuvres, qui n'ont pas besoin d'être grandes, sont des pages d'écriture. Qu'on regarde. Qu'on lit. Qu'on médite. Qu'on a chez soi comme des objets denses, comme l'est la vie. Guillaume Sébastien/ Galerie Guillaume